l’Embrunman de Sébastien

Lundi  19 août, je me pose enfin devant l’ordinateur, il est temps de vous faire partager mon expérience sur un triathlon pas comme les autres : l’Embrunman.

Tant de temps a passé depuis mon premier triathlon réalisé au lycée à Saint Mitres les Remparts, que je ne sais par où commencer.

L’Embrunman était pour moi un objectif inavoué qui a commencé à se profiler l’été dernier notamment à travers les discussions que j’ai pu avoir avec Sébastien et Alain (qui était en pleine préparation) sur la plage des Marettes. 

Je savais l’investissement nécessaire pour ma famille et moi, et après quelques mois d’hésitation, un coup de pied au derrière de la part de Marie-Aude, la décision était prise, ce sera pour 2019 et me voici inscrit dès l’ouverture !! Avec en prime une annonce « discrète » à la piscine de mon inscription par Noël, je ne pouvais plus me cacher, le compte à rebours était lancé: changement de vélo, démarrage des entrainements, en route vers la très longue distance.

Après une préparation régulière  et sans trop d’accro si ce n’est un coup de chaleur 15 jours avant l’épreuve, me voici arrivant à Embrun pour le retrait des dossards le lundi 12 août. A la lecture de la banderole suspendue au-dessus de la route : « Embrunman, le triathlon le plus difficile du monde », le ton est donné. Je regarde inquiet les concurrents autour de moi. Suis-je vraiment prêt ?

Mercredi 14 août 2019, entrée dans le parc pour la dépose des vélos, je croise François et Stéphane P, ça rassure de voir des têtes connues et de glaner ainsi deux-trois petits conseils. 

Jeudi 15 août 2019, un réveil sonne, je regarde ma montre, 3 heures du matin, une heure d’avance sur l’heure programmée la veille ??  J’ai dû rêver, ce doit être l’impatience !!

Petit déjeuner avec quelques autres triathlètes présents à l’hôtel et me voici parti pour une longue journée.

Marie-Aude me descend au parc à vélos, puis tout commence…

Les lumières des frontales des bénévoles nous accueillent à l’entrée du parc, dans laquelle une ambiance « calme » règne, chaque athlète préparant soigneusement ses affaires. Je retrouve ainsi Lugo et Yan installés juste à côté de moi. 5h30, combinaison enfilée, je décide de les laisser et de me rapprocher du plan d’eau et de la zone de départ. L’eau est chaude, mais le fond de l’air étant frais, je décide de faire un petit échauffement à sec pour ne pas avoir froid en me rendant vers la ligne de départ et me positionner ainsi dans les avant-postes. J’ajuste les lunettes et là : « oh ! Surprise… ! » de dernière minute : je n’y vois rien, quelle idée de prendre des lunettes fumées !! Tant pis il va falloir faire avec.

5h50, les femmes s’élancent. 5h55, le speaker nous invite à taper dans les mains, 5h59, le doigt sur le chrono, 6h00 Top c’est parti avec un seul objectif en tête : Finir. Pour une première participation sur la distance et sur cette épreuve, je ne me suis pas fixé d’objectif de temps, même si je me dis que les 14h sont jouables au regard de mes parcours de reconnaissance, mais le marathon reste la grande inconnue !!

Je m’élance dans le bouillon, les premières centaines de mètres sont mouvementées, un coup par ci, tiens on m’attrape le pied par-là, mais qu’est-ce qu’il fout celui-là sur mon dos, puis un passage près du bord où les algues m’agrippent….. Tout cela ne serait rien sans cette vieille douleur à l’épaule gauche qui se fait un malin plaisir de se rappeler à mon souvenir à cet instant (peut-être la résultante d’un échauffement trop léger..). J’essaye tant bien que mal de poser ma nage et de lever la tête histoire de me diriger, pour l’instant rien à faire, difficile de localiser les bouées, il faut faire confiance aux nageurs devant moi.

A la moitié de la première traversée, les choses commencent à s’éclaircir, je commence à percevoir les bouées et peux ainsi commencer à affiner ma trajectoire. Je me cale à une allure de croisière, la journée va être longue donc ce n’est pas le moment de vouloir taper un chrono. Premier tour enquillé, dernière ligne droite, je commence à ressentir le froid, j’accélère un peu et voici la plage, sortie sans encombres, un coup d’œil sur la montre : un peu plus d’une heure de nage, je suis dans les temps.

Dans le parc, une ambiance particulière règne, je retrouve mon vélo, enlève ma combinaison, essaie de me sécher, enfile mon maillot de vélo aux couleurs vitrollaises (je fais le choix de laisser manchettes et coupe-vent dans mes poches arrières pour l’instant), chaussettes préalablement talquées, chaussures, casques, gants, et hop me voilà parti pour 188 km.

Première ligne droite puis virage à gauche et là, la route s’élève et il faut se frayer un chemin au milieu d’une foule compacte, ambiance tour de France, ça booste, mais attention de ne pas s’enflammer la route est longue…

La montée jusqu’au bas de la station de Reallon, se passe sans soucis, j’observe les coureurs autour de moi, certains me doublent à fond dans les parties descendantes puis je les recroise plus loin dans les montée, cela confirme la stratégie à adopter : rester tranquille et garder son rythme. Au passage, je croise sur le bord de la route mon loueur de skis de Puy Saint Vincent qui m’encourage, il m’avait dit qu’il serait présent, sympa !!

La descente vers la nationale s’amorce avec prudence, j’ai un souvenir malheureux d’une glissade de la roue arrière lors de ma participation au M en 2010, souvenir confirmé par un coureur en vélo aéro qui après m’avoir doublé manque le fossé de peu juste devant moi au virage suivant.

Enfin la N94, un peu de calme jusqu’à Embrun, position aéro en faisant tourner les jambes sans en faire trop pour ne pas se cramer.

Arrivé au rond-point des Orres, virage à droite, et là, une masse de supporters impressionnante sur 500 m avant d’entamer la montée vers Guillestre. Le fond de l’air est encore frais, et quelques douleurs gastriques commencent à se manifester. Un coup d’œil sur le chrono, je suis dans les temps pour un passage au sommet de l’Isoard à 12h.

Je poursuis tranquillement vers Guillestre, puis la vallée du Guil. Arrivé au pied du col, les crampes d’estomac sont bien présentes, les 14km de montée s’annoncent compliqués, je prends mon rythme et arrive au sommet vers 11h40. Ayant en tête que la course commence à partir de là, je prends un peu « trop » de temps pour me ravitailler tranquillement : quelques tucs, une boisson et  ma compote-maison à la patate douce. Hop ! le coupe-vent et je repars. Après quelques virages le mal au ventre est toujours là, alors je prends la décision de m’arrêter avant Briançon afin d’y remédier. Un petit tour dans la forêt, et me voilà reparti !! Mais j’ai peut-être perdu beaucoup de temps, ce qui a inquiété mes groupies qui suivaient ma progression sur internet, 169 places de perdu dans la descente jusqu’à Briançon !!! Cela aurait peut-être pu être évité en mettant des vêtements secs à la transition, à méditer pour la prochaine…

Je finis la descente, heureux de constater d’avoir mis fin à mon mal de ventre, et reprends mon rythme, passage aux Vigneaux (à quelques encablures de la maison, c’est tentant mais bon faut poursuivre). J’avale ma deuxième gourde de compote, et voici le panneau des derniers 50km.

Rapide calcul, un peu optimiste sur le coup, plus que 2 heures mais c’est sans compter les deux dernières difficultés. La côte du Pallon, bien animée aussi avec les supporters dont 2 courant en slip au bord de la route :D. Ça passe, mais les pieds commencent à chauffer, je serre les dents le temps que ça se calme puis à proximité de Réotier je croise Ludo et son amie qui m’encouragent au bord de la route, et hop un peu d’énergie récupérée. La descente sur Embrun se passe ensuite sans soucis, j’essaye de mettre du rythme sans tout donner  car je sais que la montée du Chalvet, dernière difficulté, m’attend au tournant. Passage de la Durance, et voici la route qui commence à s’élever, j’aperçois notre ancien coach Arnaud qui m’encourage au bord de la route, je me cale à mon allure et c’est parti. Après un quelques minutes, un concurrent inquiet que je double me demande si la montée est bientôt finie, je lui réponds par la positive pour le rassurer sachant qu’il reste tout de même quelques virages !!

Arrivé à la petite ferme qui marque le sommet, ça y est, cette fois c’est fait, il n’y a plus qu’à se laisser glisser vers l’arrivée, avec prudence, car la route est sinueuse avec un revêtement assez limite.

Dernière ligne droite, j’aperçois le chrono (9h21), je suis toujours dans les temps. Arrivé dans le parc, j’effectue ma transition tranquillement en prenant le temps de changer les chaussettes, sous le regard de ma fille Norah et de mes parents, je visse la casquette sur la tête et c’est parti pour l’inconnu : le marathon.

Je prends mon rythme tranquillement pour le premier tour, sous les encouragements d’Anaïs, en prenant soin de me ravitailler et de me mouiller à chaque poste. Le début du parcours est assez roulant jusqu’à l’arrivée de la montée vers le centre-ville d’Embrun où je vois pas mal de concurrents marcher autour de moi.  Je reste concentré et arrive à passer la difficulté en trottinant. Je reprends un peu de rythme dans la descente vers la Durance où  je croise Lugo qui s’apprête à attaquer le Chalvet, puis retour vers la zone d’arrivée. Le chrono indique 10h59 de course, c’est encore possible. Le bracelet autour du poignet, j’engage le deuxième tour, toujours sur le même rythme, croise Elisabeth et son mari, et décide par prudence d’imiter les autres concurrents en marchant dans la montée vers le centre-ville accompagné sur quelques mètres par Stéphane P. qui me prodigue quelques conseils. Je bascule enfin reprends du rythme dans la descente où je croise Francis-La-Sardine, qui m’encourage. Retour sur les berges de la Durance, je vais pouvoir bientôt enfiler le deuxième bracelet. Ca y est, j’y suis : Marie-Aude m’accompagne en courant sur quelques centaines de mètres de l’autre côté des barrières. Passage de la ligne, mon deuxième tour a été plus lent, je vois que les 14h s’éloignent et que je suis plutôt sur les bases de 14h30. Je garde mon calme, il reste encore 14km et le fameux mur des 30 pour les marathoniens. Je décide donc de profiter de ce dernier tour à mon rythme sans prendre de risques. Je croise Ludo à un ravitaillement, et prends le temps d’échanger quelques mots, dernière montée vers le centre-ville, je reçois les encouragements de Noël via un de ses amis,  je poursuis la montée en marchant puis bascule, je me remets à courir dans la descente et croise Stéphane P qui m’interpelle à un ravitaillement pour me dire de ne pas trop boire pour ne pas me couper les jambes et que c’est dans la poche. Je repars donc avec la décision de zapper les derniers ravitos, je rejoins une zone d’asphalte avant les berges de la Durance, où Francis-La-Sardine m’indique qu’il reste environ 3km. Il prend le temps de prendre quelques photos et m’accompagnent à vélo sur les derniers kilomètres. Le rythme est bon, je reprends quelques concurrents, j’aperçois le parking, puis le parc à vélo, ça y est plus que quelques chicanes, je bifurque enfin dans la zone matérialisée par les cônes figurants l’arrivée du dernier tour. J’aperçois l’arche et le chrono officiel, le speaker annonce mon nom, la ligne d’arrivée est enfin franchie en 14h27 sous les regards de Marie-Aude, ma Fille, mon beau-Fils Matisse, Ilona et mes parents.         

Seul dans le parc, la médaille autour du coup et le t-shirt de finisher tant espéré sur l’épaule, je ne semble pas exténué, même si je sens que j’ai bien tapé dans les réserves, j’essaye de me ravitailler mais sans envie alors je rejoins mon vélo, la journée est finie….  

Les jours d’après, je récupère bien physiquement, par contre la lecture des différents messages que j’ai pu avoir durant et après la course me touchent et finissent de me faire réaliser le samedi matin ce que j’ai réalisé avec quelques larmes à la clé : signe que je relâche enfin la pression accumulée toute l’année !!

Ce 15 août 2019 restera pour moi une date particulière, et je tiens à remercier Marie-Aude pour son soutien permanent, Norah qui m’avait interdit d’abandonner, Matisse pour ses conseils nutritionnels, notre coach Sébastien qui nous met dans les meilleures conditions pour la réalisation de nos objectifs,  et les membres du club pour leur soutien lors des entrainements, sur Strava et pendant la course. J’ai aussi une pensée pour mes partenaires vitrollais  finischer ou moins chanceux.