Finale Championnats du Monde ITU, le CR de Guy

Un dernier virage à gauche sur ce tapis bleu et je franchis enfin la ligne d’arrivée de ces championnats du monde à Lausanne.

Cette histoire a commencé le 15 février alors que j’étais sur une plage en Thaïlande. Un mail tombe sur mon téléphone, c’est la Fédération Française de Triathlon m’annonçant ma qualification pour les championnats du monde à Lausanne le 1er septembre 2019.

À partir de là, un nouveau calendrier de préparation se met en route en plus des championnats de France de tri cross en juin : Il va falloir passer l’été à s’entraîner pour arriver en forme en septembre.

2 semaines de vacances à l’Alpe d’Huez en juillet me permettront de faire un travail foncier en altitude afin d’essayer de retrouver la forme après une semaine de repos post championnat de France. Les sensations ne sont pas au mieux mais je me dis qu’avec le mois d’août en préparation qualitative, cela devrait aller mieux. De retour de l’Alpe d’Huez je commence donc les séances de vitesse mais il est difficile de nager pendant l’été. Le 19 août alors que je fais un triathlon d’entraînement, lors de la course à pied, une sévère douleur dans le dos me prend je finis cette course à pied mais je sens bien que quelque chose ne va pas. Après un passage chez le docteur la douleur ne s’estompe toujours pas et deux jours après cet événement je rentre aux urgences suite à des douleurs de plus en plus fort. J’y resterai 3 jours avec des doses de cheval de morphine et de valium afin de faire passer cette douleur. Les médecins diagnostiquent une décalcification d’un disque vertébral avec un repos complet prescrit. On est à 2 semaines des championnats du monde, déclarer forfait me semble difficile au vue de la préparation et de l’engagement que j’avais fait vis-à-vis de la Fédération.

Je décide alors d’arrêter complètement l’entraînement et d’attendre que la douleur s’estompe. Une semaine après l’hospitalisation, à 8 jours de la course,  la douleur est moins forte avec quand même des antidouleurs et des anti-inflammatoires. Cela me permet de passer un ou deux entraînements à vélo une séance de natation une séance de course à pied. C’est donc avec une préparation ecourtée que j’arrive à Lausanne, le vendredi, pour la course du dimanche. Le samedi, c’est le moment d’aller retirer les dossards, placer le vélo dans le parc mais aussi de regarder la finale des élites des championnats du monde avec le titre de champion du monde de Vincent Luis. Malheureusement, le samedi dans la journée la douleur dorsale est de plus en plus forte associée à des contractions musculaires au niveau des abdos et je me retrouve donc contraint de ne pas assister à la rencontre avec l’équipe de France prévue le samedi soir et de rentrer à l’hôtel pour me reposer.

Dimanche matin, jour de la course, levée 6h pour aller sur la ligne de départ. Mon départ est à 8h52, les sensations ne sont pas là. Nuit correcte mais les douleurs dans le dos et dans l’abdomen sont toujours présentes. Je sens que cette course va être difficile. Avec une eau à 23 degrés, les arbitres annoncent l’interdiction de la combinaison.  N’étant pas bon nageur, la natation va être aussi difficile. Bref, je me présente sur la ligne de départ sans aucune pression puisque pour moi le schéma de la course semble simple :  un abandon en cours d’épreuve. La seule question est : vais-je devoir abandonner après la natation ou après le vélo ?

Pour ma catégorie le départ se fera en deux vagues de 78 coureurs. Nous somme 156 dans la catégorie DM 45 50.

8h51 : la première vague, dont je fais partie, est appelé pour se mettre dans l’eau.

8h52 :  la corne de brume sonne, c’est le départ. Immédiatement je sens que j’y suis pas : pas de sensation dans l’eau ; Il faut dire qu’une  séance de natation en 1 mois, ça pouvait pas être bénéfique. Dès la sortie de la anse du lac de Lausanne,  le vent est présent et lève une houle de face. Nous subirons celle-ci  pendant quasiment 75 % du parcours. Cette natation va donc être difficile. Aux environs de la bouée des 1000 mètres je vois arriver sur moi la deuxième vague des vétérans partie 3 minutes après.  La  différence de vitesse est considérable, j’arrive à faire deux trois mouvements dans leur sillage et puis je suis largué.  Dernier virage à droite je vois enfin l’arche de sortie de l’eau. Le premier calvaire semble finit. Je sors 69 ieme de l’eau, très déçu de cette natation.

Le parc à vélo est immense, 1500 participants ça fait du monde. Les zones de transition sont donc très longues mais je retrouve mon vélo facilement. Je fais une bonne transition et enchaîne en vélo.

Evidemment , alors que j’avais prévu de faire des reconnaissances à vélo et à pied,  les douleurs, la veille de la course m’ont empêché de faire quoi que ce soit c’est donc totalement en aveugle que j’attaque ce parcours j’ai potassé sur une carte les reliefs donc je sais à peu où seront les difficultés. Il y a 2 portions courtes (200m) à 12 pourcents, obligeant quand même à descendre la plaque pour le petit plateau. J’ai quand même équipé mon Helium H3speed des grosses roues carbone (90 mm à l’arrière et 60mm à l’avant (au lieu des 38mm).

Lors de la dépose du vélo la veille, j’avais vu que beaucoup de vélos étaient en roues lenticulaires, je pense donc que c’était le bon choix Le parcours est assez sympathique : deux boucles de 20 km. J’arrive à remonter,  je suis sorti 67e de l’eau et j’attaque donc ce vélo avec l’envie, de faire au moins bonne figure sur ce parcours. J’attaque donc la première boucle à fond. Ce premier tour  va me permettre de repérer les trajectoires car il y a de nombreux virages à angle droit en sortie de descente.

La deuxième boucle sera faite un peu plus rapidement puisque je peux enfin attaquer dans les descentes et gérer au mieux les trajectoires : Conclusion je fais le 24e temps en vélo. Je suis maintenant 36 ieme, j’ai repris 33 places. Je suis assez content de moi mais toujours anxieux de la partie à pied car la position dans les prolongateurs fut difficile avec un dos douloureux pendant le vélo. Je sens que mon diaphragme est bloqué par mes douleurs abdominales. J’ai bien peur que la course à pied soit encore plus difficile. Mais au moins j’aurais tenu deux des trois disciplines.

La transition se passe bien. Pas de perte de temps et je ressors donc du parc à vélo avec, à mon plus grand étonnement, les jambes pas trop dures. Je commence à enchaîner les kilomètres.  Le parcours est composé de 3 montées courtes ( 50 à 200 m) mais très raides ( beaucoup de participants marchent même) à faire deux fois. La première boucle se passe bien je suis dans le rythme que je m’étais fixé. La douleur abdominale est toujours présente mais ne s’amplifie pas. J’arrive à la seconde boucle avec à nouveau les trois montées. Une fois ce secteur vallonné passé,  il reste 3 km. Je commence à élever le rythme en me disant que cette fois j’irai quand même jusqu’au bout. Cela n’était pas du tout certain le matin sur la ligne de départ. Je double encore quelques concurrents. Je vois la ligne droite annonçant la ligne d’arrivée. Encore quelque mètres et au bout de 40 minutes,  je finis donc ces 10 km (24ieme temps), j’ai repris 8 places sur cette course à pied.

Je boucle le parcours en 2h20.  28e dans ma catégorie et premier français. 

Finalement malgré tous mes déboires et mes incertitudes,  cette course se sera passée  plutôt bien sans aucune pression.  Je suis assez content de moi mais avec un peu le regret d’avoir couru sur la retenue. Si j’avais fini ma préparation correctement j’aurais sûrement pu « gratter » encore une quinzaine de place.

Voilà, cette  arche bleue signifie la fin de la saison pour moi maintenant il va falloir que je récupère et  arrive à trouver d’où viennent ces problèmes de dos pour pouvoir enchaîner l’année prochaine sur une nouvelle saison.