Un week-end (pluvieux) en Isère

150 équipes de 3 à 5 triathlètes vont en découdre ce samedi 26 septembre. Pour l’immense majorité ce sera le seul triathlon de cette saison perturbée par des annulations en série ou des interdictions péremptoires de dernière minute.

L’effort physique n’avait pas débuté, dans le monde d’avant, que les pulsations cardiaques étaient déjà montées en flèche…le 05 février au moment de l’inscription des 4 équipes d’Airbus Helicopters : moins de 20 minutes, c’est la fenêtre horaire qu’il aura fallu pour compléter la liste des 150 équipes chanceuses !
Enfin chanceuses…c’est vite dit face à cette météo exécrable, offrant pluie drue et seulement 5°C de température comme unique menu atmosphérique.

Le vendredi, sous le soleil de Vitrolles, la tribu charge les vélos dans le camion de location et embarque masquée dans les minibus. Certains rejoindront le camp de base par leurs propres moyens, ce n’est pas évident de s’échapper du bureau, même un vendredi.

Le village d’irréductibles vitrollais est judicieusement hébergé au camping « détente et clapotis », jouxtant le parc à vélo. Bien vu pour dormir (ou manger…) jusqu’au dernier moment.

Bons élèves, les vitrollais ont associé un chalet à chaque équipe pour respecter un minimum de mesures barrière. Autant conserver son petit COVID favori entre équipiers.
La collation de fin de journée est donc prise « par chalet » tout en élaborant studieusement la stratégie de course…du genre « ne me perdez pas en natation, moi je n’ai pas beaucoup roulé en vélo, pour la course à pied c’est à fond mais uniquement sur 500m, les vitesses de mon vélo ne passent pas je ne comprends pas, etc, etc).

1kg de pâtes et une tisane plus tard, tout le monde est sous sa couette : réveil programmé à 6H30, on aura de la marge.

Le barde de la tribu, ou l’équipe de Michel ( ?), ayant officié la veille, la pluie et le froid humide enveloppent les chalets et l’aire de départ au petit jour. L’espoir renaît lorsque des rayons de soleil tentent une percée discrète à la dépose des vélos mais, inexorablement, la boue grasse prend possession du parc à vélo et nous pataugeons en installant nos bicyclettes et nos diverses affaires.


L’interrogation partagée par l’ensemble des formations réside dans le choix de la tenue pour la partie vélo.
L’équipe décide unanimement de sacrifier la performance à T1 pour s’habiller le plus chaudement possible. Aux antipodes du choix des voisins : Robin ira court vêtu avec son unique trifonction comme armure contre les éléments !!!

Les paparazzis ayant mitraillé chaque équipe, nous nous réfugions au chaud dans le chalet pour n’en ressortir qu’une fois métamorphosés en homme/femme grenouille. Bizarre de déambuler dans le camping avec les lunettes de natation sur le nez.

Le stress du départ, une équipe toute les 45s, s’accroît au fur et à mesure que l’horaire approche. Le masque ne suffit pas à cacher les yeux inquiets qui scrutent la disposition des bouées blanches.


Nous voilà dans le SAS d’attente…
Tic, tac, tic, tac…
L’équipe précédente est engloutie par les eaux du lac…
La respiration s’accélère naturellement…
Le compte à rebours égrène les secondes…
Les masques volent dans la poubelle…
Le temps de prendre quelques inspirations normales sans ce p… de masque…
Go !

Marika, Amandine, Joseph et moi nous jetons à l’eau presque avec plaisir : 15°C d’écart avec l’air, on sera au chaud au moins…

Immédiatement Marika et Joseph dispensent un rythme soutenu, nous abandonnant dans leur sillage. Mes lunettes fuient et la trifonction trop rigide me bloque la rotation des épaules tout en commençant son travail d’incrustation des coutures dans ma peau de bébé.
Pas très pro tout ça…

La partie aquatique s’organise cependant dès la première bouée avec la constitution d’un joli bloc bien synchronisé progressant à la même allure et reprenant plusieurs des équipes précédentes.

Nous émergeons du lac ensemble, direction le marécage à vélos.

T1…7’40’’ !!! Plus long que pour un IronMan sans même se remaquiller !!
Il faut du temps pour se sécher, passer les vestes, manchettes, chaussettes, gants, protections de pluie…un large éventail vestimentaire destiné à affronter les conditions qui nous attendent : la pluie tombe, le ciel est noir et menace de nous tomber sur la tête. Ils sont fous ces triathlètes.

Nous poussons les vélos le long du chemin jusqu’à la première parcelle de bitume, chaussures et mollets maculés de boue. C’est parti pour deux tours de 38km chacun.
La pluie nous souhaite la bienvenue sur le macadam en redoublant d’intensité, il fait frrrrrrrroid et je tremble comme une feuille en essayant de passer mes gants, appuyé sur le prolongateur.
Pas très pro tout ça.

Au premier rond-point, l’équipe de Michel est en train de pique-niquer tout en bricolant un vélo ??? Déjà un problème technique à moins de 10km du départ ??
Pas très pro tout ça…

Un rayon de soleil apparaît enfin irradiant une douce chaleur, le moral bascule instantanément sur « je m’éclate, trop bon ».
C’est de courte durée car les averses contre-attaquent en force à l’amorce du dernier tour.

Je décompte les km jusqu’à T2, 25km to go !, alors que nous doublons la dernière des équipes parties avant nous.
Dès lors, nous sommes en tête de la course, moto d’ouverture à 50m devant nous avec le placard « tête de course » qui déclenche les applaudissements des spectateurs à notre passage, têtes dans les prolongateurs et bien groupés à l’aspiration.
Ça fait pro tout ça !!!

T2…footing et glissades dans la boue jusqu’à l’emplacement 49.
Nos affaires de CaP sont heureusement au sec dans des sacs poubelle mais je me bats avec mes chaussettes sèches qui refusent de glisser sur les pieds détrempés pendant que mes équipiers déjà prêts me regardent avec désolation.
Sous les rayons de soleil intermittents, choix est fait de partir courir les 17km en trifonction.
6 minutes de transition…finalement on n’est pas des pro.

Le VTT d’ouverture balise le parcours une vingtaine de mètres devant nous…procurant toujours cette expérience intense de traverser les villages « en tête ».
Pause technique impérative, les filles d’un côté, les garçons de l’autre☺, non sans avoir averti notre ouvreur que nous allions disparaître un instant !

Nous cheminons à un bon rythme bien organisés aux ravitaillements dans le plus pur respect des mesures barrières (échange de pain d’épices, de barres de céréales, de bidons, …). Le tonnerre gronde et les faibles tentatives du soleil sont anéanties par de fortes averses.
Il pleut fort quand nous abordons la partie trail mais je nous estime heureux de passer en premier alors que le sentier n’est pas encore défoncé par 800 fanatiques de la basket.

La dernière descente permet de dérouler…
Plus que 2km de plat avant la finish line…les sourires commencent à se former sur les visages transit de froid.
Joseph accélère (un classique)…mais reste raisonnable pour ne pas voler de ses propres ailes !
Le speaker s’égosille (il n’y a que nous c’est normal) quand nous déboulons dans le champ de boue et passons sous l’arche d’arrivée, mains levées, heureux d’avoir surmonté les éléments et d’en finir avec cette belle épreuve (quand elle est sous le soleil).

C’est fait pour cette saison de triathlon !! Courte…mais intense.

Ni une, ni deux, nous attrapons le maigre panier repas (pauvre Joseph qui n’attendait que ça) et trottons vers la douche chaude, le matériel attendra dans le cloaque à vélo. De toute façon, il ne peut pas être plus mouillé.

Les membres de la tribu vitrollaise arrivent peu à peu arborant un grand sourire, révélateur des bienfaits du partage de l’effort au sein d’une équipe.
Mention et dédicace spéciales à l’équipe Girls&Boys de Michel qui a su rentabiliser au maximum le prix de l’inscription et profiter un long moment des conditions météo exceptionnelles.

La soirée masquée au restaurant offre la tribune idéale pour que chacun raconte « son » aventure (rappel : aventure = terme poétique utilisé en lieu et place du terme galère) autour de moult bières et pizzas bien caloriques.
De retour au chalet privé, le débriefing continue autour de la traditionnelle tisane de papi-mamie. Sans se l’avouer vraiment, la prochaine course est dans un petit coin de la pensée…puis les yeux clignent de plus en plus et les têtes dodelinent…

Pas de bol, le barde a encore chanté toute la nuit et la pluie dégringole quand les deux auto-désignés-volontaires-lève-tôt-avec-la-frontale partent en quête de pain et de croissants pour l’ensemble de la communauté, fermement accrochée à la couette.
Contrairement à la veille, le petit déjeuner ne sera pas léger.

Bon que faire…pas de vélo possible avec ce temps, même la CaP est compromise avec le froid et si c’est pour patauger comme hier, c’est peu engageant. Retour anticipé à la maison ??

C’est sans compter sur Marika qui fait sortir le chalet de sa douce torpeur pour une session improvisée de natation/digestion. Le mouvement est lancé et se propage rapidement au chalet voisin, contaminé en quelques secondes.


Au chaud dans le néoprène (sauf pour François, nouveau disciple de Robin, qui affirme que le maillot de bain est suffisant), la séance est confirmée !

Une pauvre bouée jaune solitaire suffit à lancer la chasse sans trop réfléchir. Bref, de vrais triathlètes de base, il ne manque que les plaquettes pour un complet bonheur.

Cette bonne séance de récupération nous met, encore…, en appétit. Dodo, sport, miammiam, un triptyque à la mode.

Ce week-end entre sportifs s’achève comme il a commencé : sous la pluie. Mais il y a de la chaleur entre nous tous !
Malgré cette météo de misère (m’Isère ?), la cohésion et la solidarité entre tous auront eu raison des éléments : on l’a fait !

Les équipes et les temps de course

  • Airbus Touristes 5H00
  • Airbus TriForceOne 5H13
  • Air3Bus 4H49
  • Airbus Girls&Boys 7H26

Stephane