GranFada ? Marika !

Lundi, des amis de Pau nous disent qu’ils seront dans le coin pour le weekend de l’Ascension : ils viennent profiter quelques jours et faire une cyclo au Mont Ventoux.

Anthony et moi prévoyons donc d’aller boire un verre avec eux et en restons là… jusqu’à jeudi soir. Finalement, je la ferais bien aussi cette cyclo du Mont Ventoux !


Je regarde le site. C’est organisé par Grand Trophée et il y a 2 parcours : la Mediofondo (98km, 2562m de D+) et la Granfondo (168km, 3597m de D+).
J’ai envie de me challenger et de me vider la tête : je fais ma grande fada et m’inscris sur la longue ! Autant c’est une épreuve qui parait banale à côté de celles que beaucoup d’entre vous font, autant pour moi c’est un sacré défi et je ne suis pas du tout sûre de pouvoir terminer. Je n’ai jamais fait plus de 120km, jamais plus de 1800m de D+ et je ne connais du Mont Ventoux que le mythe et la vue qu’on en a depuis l’autoroute !
Anthony est partant aussi mais lui n’a pas les fils qui se touchent : il s’inscrit sur la moyennement fada

😜

Nous voilà donc samedi matin partis ric-rac (comme d’habitude pour moi, vous le saurez vite !) avec une arrivée prévue à 7h50 à Beaumes-de-Venise pour une fin de retrait des dossards à 8h. Sur la route, on se rend compte qu’on a oublié les certificats médicaux, l’argent liquide, et Anthony sa pièce d’identité. Pas le temps de faire demi-tour, mais l’organisation ne nous posera pas de problème.
Après un certain nombre d’A/R entre la voiture et le lieu des inscriptions, il est 8h16 et mon vélo est encore démonté dans le coffre, sans son dossard, pas gonflé et je ne suis ni habillée ni crémée. Le départ est à 8h30. L’idéal pour se retrouver en dehors du sas de départ qui était plein quand j’arrive devant la ligne.


Bref, je pars dans les derniers et passe une bonne quinzaine de km à remonter les groupes pour en trouver un avec une vitesse qui me convienne.
Les 55 premiers km sont presque exclusivement de la montée (mon point fort, j’y vais tranquille pour rester avec mon groupe et m’économiser) ou du faux-plat montant (je prends quelques relais mais m’abrite aussi beaucoup).

Au 55e km je m’arrête au ravito. Une banane, un verre de coca, des TUC, et je repars en avance sur mon groupe. A partir de là ça descend sur à peu près 45km et c’est mon gros gros point faible. J’espère avoir pris suffisamment d’avance pour que le groupe ne me rattrape pas dans la pente la plus forte (seulement quelques km). Malheureusement ils me reprennent et ont environ 200m d’avance à la fin de cette section. Je n’arrive pas à les rattraper et on se recrée un petit groupe avec 2 autres électrons libres. On prend nos relais équitablement. Le plus fort d’entre nous tente plusieurs fois de s’échapper, en vain. A 3 on est plus forts, mais on en laisse quand même pas mal.


Après 102km, j’arrive au 2ème ravito. J’ai l’impression que j’ai encore du jus. Un des organisateurs me dit « Tu as déjà fait le Mont Ventoux » ? « Non, jamais ». « Ben alors garde en pour les 5 derniers km ! ». Je passerai une bonne partie de la montée à ressasser cette phrase et à essayer de deviner, en fonction de l’altitude indiquée sur les bornes et de l’altitude du Mont Ventoux quel est le pourcentage que je vais devoir affronter sur ces 5 derniers km !


Dès le premier km de montée, je me rends compte que ça va être compliqué. Je double beaucoup, mais je me connais assez bien pour savoir que mes jambes sont très fatiguées.
J’ai aussi mal au dos et après 3-4km je commence à avoir envie de vomir. Avec tout ça je n’ai même pas le temps de penser au mal de cul !!
Je sais qu’il y a un autre ravito dans la montée, mais je ne sais pas où il est et ça m’aidera à avancer. J’ai pour objectif de ne pas m’arrêter avant de le rencontrer. Je l’imagine à mi-chemin après 10km de montée, mais il sera au km 14.


Je vois régulièrement des cyclistes arrêtés sur le côté : ils sont avachis sur leur vélo ou par terre à essayer de faire passer des crampes. Je me dis que d’un instant à l’autre je vais peut être craquer et faire comme eux.
Mon compteur affiche parfois moins de 7km/h. Il fait très chaud et certaines portions sont en plein caniar. Je souffre. Je crois que je vais vomir. Je lutte à chaque seconde en me demandant si je vais pouvoir arriver en haut. Heureusement les 13% alternent avec des pourcentages plus doux et j’arrive tant bien que mal au 3ème ravito. Il reste moins d’un tiers et je me dis que même si cette pause ne me retape pas un peu, ça prendra le temps qu’il faudra mais j’y arriverai. J’envoie un message à Anthony « 117km en 5h08. Il me reste 6km jusqu’au sommet du Ventoux mais j’ai les jambes fumées, le dos en compote et envie de vomir va falloir y aller au mental et ça pourrait prendre pas mal de temps !! A tout à l’heure pour la photo en haut du Ventoux !! ».


Je traîne au ravito un peu, me gave de TUC, et reprends la route en faisant toujours mes estimations sur les pourcentages à venir. Le premier km est horrible ! Les 11, 12 et 13% s’enchaînent et je vomis une bonne partie des TUC. Heureusement les km restants sont plus faciles, les nuages se sont invités et nous protègent du soleil, et on a le droit à de l’air frais. Finalement, à peu près 3/4h plus tard (pour 6km !!) je suis au sommet, aux anges !


Le retour à Beaumes-de-Venise ne me fait pas peur, je me sens capable d’y arriver.
La descente n’est pas évidente. Toujours la nausée, toujours le dos qui fait mal, et le froid qui se rajoute. Rien pour arranger le fait que je sois nul à chier en descente. Autant j’ai repris beaucoup de monde en montée, autant en descente je ne repris personne sauf mamie avec son vélo électrique ! Je sais que je suis crevée donc je suis encore plus crispée et sur les freins que d’habitude, tant et si bien que (je ne savais pas que ça pouvait arriver) mes doigts s’engourdissent (si si !). La descente dure 20km et j’en viens à rêver d’un peu de montée pour pouvoir reposer mon dos et mes doigts.
Elle ne tarde pas à arriver. 2 petits cols que je passe plutôt bien vu d’où j’arrive, quelques km de descente dans des gravillons (je vous laisse imaginer comme j’ai adoré) et la ligne d’arrivée est là. Anthony aussi

😀

Je suis heureuse et pas peu fière !
Je finis 323e sur 481 finishers, 7ème femme sur 20 finisheuses, et 2ème sur 7 finisheuses dans ma catégorie.
Le résultat m’importe peu. A chacun son Everest, ce Granfondo en était un pour moi
!

Sur le Mediofondo, Anthony finit 176e sur 475 finishers et 35e sur 92 finishers dans sa catégorie. Bravo