de la justesse des prévisions !

“…. Me laissait un petit gout d’inachevé .”

C’est par cette phrase que je concluais mon CR de mon 1er Ironman Nicois en 2017, au terme d’une course à pied/marche éprouvante avec l’ami Lugo.

Dans les jours qui suivaient, je me reinscrivais pour Nice avec l’objectif de faire cet Ironman avec une course à pied propre.

1ere étape, Analyse 2017

Une édition épique, avec le plus fort taux d’abandons sur les 10 dernières années de cette course (près de 10% rien que sur la course à pied) et un temps moyen nettement plus long (30’ pour ma catégorie d’age) que la moyenne de Nice sur les 10 éditions précédentes, tendance confirmée pour toutes les catégories d’age … bref, ca avait été dur pour tout le monde !

Du coup, conscient que ma marge de progression en natation était très limitée et que, dans le couple vélo/course à pied, j’avais des gains importants à faire sur le vélo, je décidais d’axer principalement mon entrainement sur le Bike.

La charge professionnelle 2018 ne me permettait pas de me préparer dans de bonnes conditions et, après discussion avec coach Seb, je décidais de faire jouer mon droit de report (privilège des premiers inscrits) sur 2019.

Deux ans … deux ans ou j’ai travaillé le vélo en essayant de progresser sur différentes filières, Puissance, CP20, CP5, SV2, Force, Cadence, Distance avec cet objectif en tête : faire le vélo de Nice en 06h15 et une vrai course à pied en mettons, 04h15/04h30.

Bref, Nice entre 12h00 et 12h30 …

L’objectif était réaliste. Ma progression était alignée.  Les cyclos de prépa en début d’année le confirmaient. Mon benchmark des concurrents qui avaient ce temps sur Nice et qui avaient réalisés les mêmes cyclos le confirmait, mes analyses de puissance, temps de soutien, TSS, IF le confirmaient …. J’étais dans le coup …

Le vélo allait être ma partie !

Le LD prépa à Hyeres le confirmait, plan de course respecté, Watts OK, bonne progression chrono et classement par rapport à 2017, bench avec des concurrents Hyeres/Nice me donnaient toujours OK pour 06h15 .

06h15 … en mode mono maniaque … ca allait le faire …

Seule incertitude … la cap … en effet, depuis juin 2018 et une sortie ou mon genou droit s’était dérobé, je galérai … arthrose, infiltration en Janvier, syndrome rotulien Mi-Juin …

Bref, 3 semaines avant la course, j’avais de gros points doutes sur mon genou et la course à pied … qu’à cela ne tienne, au moins, je ferai un beau vélo …

Tout était planifié … les segments, les temps, la puissance moyenne en montée, sur le plat … y’avais plus KA !

Et puis, la canicule …

Une dernière semaine chaude, très chaude, avec juste 2 sorties pour entretenir, rien de bien méchant …sauf que … en fin de semaine, la décision du préfet tombe !

Réduction des distances (150 vélo/30 CAP). Et merde ! deux ans, et je ne comprends pas … en 2017, il faisait aussi très chaud. Gros doute, démotivation, et puis, non, je vais refaire mes calculs sachant qu’en vélo, les 20 bornes de moins (du plat et 400m de condamines) ne changeront pas grand chose à l’effort.

Par contre, je sais qu’en course à pied, le tour vaut cher sous la chaleur! Surtout vers le 3eme et 4eme tour.

Bon, allez, On y va. Direction Nice

Départ à l’arrache, avec tous les sacs de tri nickel par contre, tête en l’air pour le reste (oubli des T-shirt de rechange, de la brosse à dent …) bref,  je suis pas trop stressé .

Samedi, retrait des dossards, préparation des sacs, pose du vélo, retour à l’hôtel ca suffit pour me mettre en nage, mais littéralement en nage ..la tête de mes voisins d’ascenseur de l’hôtel me confirme que je ne sens pas la rose … et je n’ai pas d’autres fringues … je n’ai pas le choix ! il faudra que je récupère le T-Shirt de finisher pour pouvoir être propre Lundi J

Après une bonne nuit, je prends la direction du parc à 05h00.

Pas stressé, je m’organise bien et commence petit à petit (enfin !) à rentrer dans la course ….une ambiance de fête, très différente de celle de 2017 …

L’orga choisit la transparence et indique que l’eau est chaude, 24,9°C mais que par soucis de sécurité, la combi sera autorisée. J’apprécie la transparence de l’orga tout en sachant que la nat ne sera pas agréable.

Je croise Toub, qui choisit de se mettre dans le sas 1h20, quand à moi, il n’y a pas de SAS 1h15 alors je choisis de me mettre dans celui du dessus, 1h10 … je devrais normalement tourner en 1h12 .

Beep, c’est parti.

j’arrive dès le départ à poser ma nage et toute ma nat se déroulera sans problème avec toujours 2/3 erreurs d’orientation mais rien de bien méchant. Je ne force pas et reste tranquille tout le long. Je vois au passage que je donne nettement moins de coup de bras que les nageurs autour de moi pour avoir la même allure. Le travail de plaquette, ca a du bon !   

Je sors frais de cette partie, pas entamé musculairement avec de bonnes sensations même si je sens que j’ai pas mal transpiré. 

Je me dirige vers le parc à vélo et je prends mon temps, je ramasse au passage 2/3 bonnets, ca fera plaisir aux enfants.

Nouveauté aux transitions : changement intégral en cycliste, histoire de privilégier le confort et hop, c’est parti !

Bravo La première partie de ce vélo se déroule comme prévu, avec une surprise sympa, la montée de Gattières, en lieu et place du raidillon de la Condamine, est une jolie montée avec de belles falaises superbes … ca se déroule comme prévu .. Dans les temps … Saint Jeannet, Vence : RAS … RAS jusqu’à Tourrettes ! La route commence à s’élever, c’est parti pour la longue montée du col de l’Ecre. 1er segment : les gorges du Loup, c’est la que ca doit démarrer et, brusquement, ca se complique ! Impossible d’appuyer sur les pédales : les watts descendent ! je n’arrive pas, plus, à appuyer ! Merde …

J’essaye de manger une barre, je la recrache illico ! je réflèchis vite et comprends rapidement que si à ce 1er tiers de course sans difficulté, je suis déjà en train de saturer sur le sucre avec un manque de puissance, je suis en train, soit de faire une hypoglycémie, soit une déshydratation. Je penche plutôt pour la seconde hypothèse mais qui va rapidement commencer à entrainer la première si je règle pas le problème.

Analyse des causes : il fait chaud, j’ai du faire une dette d’hydratation sur les derniers jours, en particulier le samedi (ma grosse suée de l’après midi), et la combi sur la nage matinale a du finir le boulot. Bilan : 1h après le démarrage du vélo, ca coince !

Activation du mode survie, prochain ravito, sur la montée de gourdon …quelques pensées noires qui viennent… non, positiver, ca va le faire ! allez ! je vais de l’avant … et l’avant, c’est prochain ravito dans la montée de gourdon … et la, une chanson me vient en tête, c’est ce que me chante souvent mon fils (avec la danse qui va avec) quand il fait l’imbécile (et ca arrive à peu près 10 fois par jour )

Il faut … « baissez la température … ! » … j’aurais désormais cet air en tête comme un mantra pendant tout le vélo !

Je poursuis ma montée en gestion … il va aussi falloir que je me resucre car je n’ai même pas pris de gels de secours, juste des barres (qui ne passent pas) et de l’isotonique (très diluée …)

Ca y est ravito ! un bénévole me voit arriver et se précipite : 2 bouteilles d’1,5l direct sur la tronche, dans le dos, sur le casque. Je bois, par petites gorgées pour ne pas submerger l’organisme (ne pas trop boire non plus, ca va se gérer sur la durée)… gel, bananes … ca va un peu mieux.

je recharge les bidons … ca repart …c’est pas la grande forme, mais c’est plus le mode survie, je sais toutefois qu’il ne faut pas forcer (d’ailleurs le pourrais-je ?) et que je vais me remplumer petit à petit, ravitos après ravitos …step by step …

Col de l’Ecre … passé ! bon, j’ai pris 1/4 d’heure par rapport à mes prévisions sur la montée. Pas génial mais pas completement baché non plus .. allez … et après tout, je suis à peu près dans les temps de mon 1er Nice.

Et la, sur le plat, ca va mieux, je retrouve des couleurs sur le plateau de Caussols en reprenant quelques concurrents. Je ne m’enflamme pas et je ne saute surtout pas le ravito. Mantra avec la même séquence, douche, bidons, sucres.

Descente, je revis. Mes trajectoires sont bonnes. J’ai progressé en deux ans, même en descente ! je reprends une trentaine de concurrents mais je sens qu’il faut gérer en montée.

Désormais, j’alternerai des séquences de gestion en montée, de relance sur le plat, et de descente à toute berzingue en doublant avec arrêt bains/douches à tous les ravitos (mantra «  Baissez la température »)

Ca y est, j’arrive à Coursegoule, ca va mieux, j’ai repris des couleurs, (merci au passage à mes pastilles de sels minéraux, ca a bien aidé) et je sens, je sais, que le problème est derrière moi. Ca va mieux !  Seul problème, ma moyenne horaire au compteur est autour de 21,5. GASP !

Bon, recalibrage des objectifs et petit calcul rapide. J’ai 40 km de descente et de plat pour revenir vers une moyenne acceptable, pas trop loin de mon 1er Nice : 25 , ca serait bien :  j’envoie !

J’envoie en descente et je double, je double, je double …. Gattières … Plat de la baronne, j’envoie, je double, double, double… Je recommence à voir des 2 dans les centaines sur les Watts et ca passe ! je maintiens l’effort  et mon compteur de moyenne augmente.

Bon, je vais finir avec un retard de 30′ sur mes prévisions (basses) vélo et donc un temps vélo grosso modo identique à celui d’il y a 2 ans. C’est pas la fin du monde.

Et pour le coup, maintenant, ca va plutôt bien. Je pose le vélo, prends mon temps, changement intégral en coureur, et je pars !

Il fait chaud mais ca va, j’ai l’expérience de ma course de 2017 et je sais que j’ai passé le dur sur le vélo. Pour autant, je m’arrête à tous les ravitos, douche et surtout Saint Yorre (génial, la saint Yorre aux ravitos) qui compensera pour partie les pertes en sudation des sels minéraux. Ne pas boire d’eau plate. Je prendrai donc saint yorre et un peu de Coca , gel tous les 5 K et douche tout le temps ! (baissez la température .. allez en cœur !)

Et je cours, je suis heureux, dans ma bulle. Ca passe bien et je remonte du monde. 1ere boucle a 6 min/km ravitos compris (soit du 5:40 hors ravitos, c’est pas mal),  puis l’allure descend progressivement et finis par se stabiliser autour de 6:15 hors ravito, 6:30 en intégrant les ravitos. Acceptable

Je ne marche pas, je ne suis pas dans le dur et je remonte du monde, il suffit de gérer et ca va le faire. J’essaye de ne pas m’attarder vers le pays des zombies (ie l’aéroport, car oui, j’ai donné des noms aux zones, faut bien se distraire un peu, et oui, vers l’aéroport, c’est la ou beaucoup de coureurs se mettent à marcher ou coincent, c’est donc la zone Walking Dead)

Et j’enchaine, toujours aller de l’avant, se projeter vers l’avant. Cette phrase tourne désormais dans ma tête et signifie à ce moment la quelque chose de fort pour moi (alors qu’aujourd’hui en écrivant ses lignes, ce mantra m’apparait un peu plus énigmatique !)

Je croise Nadia qui m’encourage en me disant que j’ai une bonne allure (habillée en cycliste, elle a du faire son circuit col de Vence) et je vais de l’avant ! je prends maintenant du plaisir en regardant systématiquement les chouchous des concurrents que je reprends : pas de chouchou .. courage mec, tiens bon .. un chouchou, j’augmente l’écart de temps … yes … deux chouchous… tiens, je sais pas dans quel sas tu es parti, mais je vais au moins te reprendre 10′ sur le 3eme tour, YES ! et je remonte je remonte je remonte, en étant calme, sans douleur, en m’arrêtant à tous les ravitos, et repartant dans le même rythme.

je sais désormais qu’un 4eme tour n’aurait rien changé à cette cadence, j’ai tous les voyants au vert alors que la finish line est à quelques centaines de mètre. 1ere exception au mantra, je choisi de sauter le dernier ravito e me faufile entre quelques concurrents qui bouclent leur deuxieme tour et ca y EST … FINISHER .. content, heureux … heureux de cette belle course à pied (475 places de gagnées) malgré le problème de vélo.

Heureux d’avoir su m’adapter pendant la course et d’avoir bien analyser et gérer la situation.

D’ailleurs à l’arrivée, je ne suis pas trop entamé (et encore maintenant, ca va, rien à voir avec le 1er IM) et je savoure le paradoxe de ce sport, notre sport. Je me prépare pendant 2 ans sur le vélo que je foire bien comme il faut et je réussis ma course à pied sur laquelle j’aurai pas mis grand chose en début d’année !

Dernière touche : la course fut dure, et particulièrement le vélo … des discussions post course avec Toub, Bruno de Sausset et Alban (parisien très fort) le confirment … tous ont fait un vélo soit en deca, soit y ont laissé des plumes qu’ils paieront ensuite en CAP. Nadia aussi a souffert dans le col de Vence

L’analyse globale l’indique aussi : le taux d’abandon vélo est le plus fort des 10 dernières années, supérieure à 2017 et seule la distance réduite en CAP a permis de ne pas atteindre les records DNF de 2017.

Bref, on pourra disserter sans fin sur l’opportunité de la décision préfectorale mais, quand à moi, je sais que cela n’aurait pas changer grand-chose à ma course, ni sur mon vélo, ni sur ma course à pied ! Je suis content d’avoir sur m’adapter dans une course qui fut dure (rapidement) et au final d’être passer par tout un tas d’émotions très différentes sur cette journée. Et après tout, au dela des chronos, des watts et du cardio, c’est bien pour ca qu’on nage, qu’on roule et qu’on court non ?