Coup de rétroviseur l’Elbaman 2019 … Podium !


Après la naissance d’Eloïse en 2018 c’était décidé l’Elbaman qui me faisait envie depuis plusieurs années serait mon objectif 2019 excellent prétexte pour retrouver une condition physique et la volonté de s’entraîner.

Comme l’histoire est plus belle lorsqu’elle est partagée j’ai tenté de convaincre certains de se lancer avec moi dans l’aventure. Les photos paradisiaques qui accompagnaient l’article rédigé n’ont pas eu l’effet escompté  et c’est donc accompagnée uniquement de ma petite tribu que j’ai débarqué le 27 Septembre dernier sur cette magnifique petite île dans l’optique d’y courir deux jours plus tard mon second ironman après Nice en 2016.

La veille je fais une reconnaissance du parcours vélo en effectuant une des boucles de 60km que j’aurai à faire 3 fois le lendemain. Le parcours longe pour une bonne partie une route côtière d’où la vue est à tomber : C’est d’ailleurs ce que j’évite de peu lorsque scotchée par ce paysage j’en oublie de regarder où je vais et fini ma route dans le bas coté. Petite frayeur !!! Le parcours vélo est vraiment très beau mais il est exigent et certaines portions sont en assez mauvais état ce qui mérite une attention de tout instant.

Après la reco c’est briefing en Italien : au programme des réjouissances 2 boucles en natation, 3 à vélo et 6 aller retour sur le parcours course à pied. Premier constat : je me suis incrustée dans une réunion de famille, l’organisateur semble connaître un paquet de monde parmi les coureurs entrecoupant sa présentation pour saluer chaleureusement chacun d’entre eux lorsque son regard les croise. Il faut dire qu’au départ sur le format Ironman il y a moins de 250 athlètes en comptant les relais et certains sont des multirécidivistes. Heureusement nous courrons en même temps que les athlètes du format LD dont le départ sera donné 1h30 après le notre ce qui permettra de se sentir moins seuls lors de la course 😉

Le speaker met particulièrement l’accent sur le parcours vélo, nous conjure de rester prudents, inutile de prendre des risques insensés pour gagner quelques secondes qui ne nous ferons de toute façon pas nous qualifier pour Hawai donc piano…piano per favore.

La bonne nouvelle pour la gente féminine c’est que le nombre d’inscrites sur l’ironman étant assez restreint (14 au total) nous avons le droit à un traitement de faveur et une tente nous sera totalement dédiée. Nous y aurons chacune une chaise à notre nom et une caisse en carton où déposer l’ensemble de nos affaires. Nous n’aurons donc pas à nous prendre la tête avec les sacs de transition à déposer et récupérer dans les consignes. Un très bon point pour l’orga bravo !!!

Une bonne sieste, la prépa de mon vélo et sa dépose occupe gentillement le reste de ma journée.

Et voilà le lendemain nous y sommes c’est le grand jour. J’ai la pêche, trop contente d’être là, la météo est parfaite et va le rester pour notre semaine de vacances à suivre, une très belle journée en perspective.

Alors je le reconnais ayant fait Nice il y a 3 ans on est très loin de l’ambiance tapageuse de cette course labellisée, tout le monde se prépare calmement, pas d’agitation, pas de cacophonie, il règne calme et sérénité.

Le départ des filles sera donné 3 minutes après celui des hommes. Comme nous ne sommes pas nombreuses j’espère qu’il y a quelques nageuses dans le groupe que je puisse me mettre au chaud dans les bulles car il ne faudra pas compter sur l’aide des gars qui seront déjà loin. A 7h le départ des garçons est donné et nous attendons tranquillement le notre derrière en discutant. 7H03 c’est notre tour, nous nous élançons. J’essaie comme prévu de me mettre dans les bulles de ce qui semble être la meilleure nageuse du groupe. Je constate très vite que son rythme et l’imprécision de sa trajectoire ne me conviennent pas et décide alors de faire cavalier seul. L’eau n’est pas très froide et la mer plutôt calme, cumulé à ce départ décalé et au nombre limité de triathlètes, il n’y a absolument pas de frottement et j’arrive à poser ma nage dès le début. Je rattrape les derniers garçons qui donnent dans le ciseau de jambes et évite facilement leurs coups de pieds. Sortie à l’australienne et  départ pour un second tour de manège : j’arrive à me faire aider sur les tous derniers mètres des bulles formées par quelques nageurs d’équipe relais partis peu de temps après nous.

Voilà c’est déjà la fin de ce premier segment, je sors de l’eau en tête des filles à mon grand étonnement et entends les cris d’encouragements des spectateurs et le speaker qui m’annonce. La classe B-)

Les transitions ne sont généralement pas mon fort et bien qu’ayant fait aussi vite que possible compte tenu de mon changement complet de tenue et du passage aux ouioui room, je pars en troisième position en vélo.

Finalement en prenant mon rythme, je rattrape très vite les deux premières qui n’étaient pas bien loin et constate qu’un personnage à moto se met à ma hauteur et me regarde avec insistance en me souriant béatement. Je me dit alors : qu’est ce donc ? Un arbitre : mon dossard doit dépasser d’un millième de millimètre à gauche et ça ne va pas ? Un admirateur insoupçonné n’arrivant pas à me déclarer sa flamme? Pas du tout. Signe distinctif il porte un chasuble sur lequel je peux lire « scorta ». Tout est dit je me retrouve donc accompagnée de la moto dédiée à suivre la tête de course. Ok, cela ne m’est jamais arrivé donc un peu étrange au départ mais très vite je trouve sa présence très agréable et motivante. Ce sera mon escorte boy. Il est d’une gentillesse exceptionnelle, m’encourage régulièrement à coup de DAI, DAI, DAI, me distance dans les montées et en profite pour descendre de sa moto et me prendre en photo, s’enquière régulièrement de savoir si je vais bien et si je mange bien. Il m’est également d’une aide précieuse car bien qu’à distance il me montre les trajectoires à prendre sur ce parcours tortueux et joue du klaxon à l’approche des quelques villages traversés pour que les voitures fassent place ainsi qu’à l’approche de la zone de transition où nous allons passer à 3 reprises pour que les supporters puissent donner de la voix. Le top, je me régale, je suis sur mon petit nuage, pourvu que ça dure.

Je constate cependant lors du troisième et dernier tour au bénéfice d’un aller retour sur une montée qu’une de mes poursuivantes que je n’avais pas vu jusque là n’est plus bien loin de moi et semble surtout avoir un rythme bien plus rapide que le mien. Je sais dès lors que mon moment de gloire va prendre fin, je continue cependant avec mon compagnon de route sans changer de rythme en espérant que ce moment arrive le plus tardivement possible. D’autant plus que sur ce troisième tour la route est à présent bien clairsemée, il n’y reste plus que les concurrents de l’ironman, ceux du LD sont pour la plupart rentrés au parc à vélo, la compagnie de mon motard est alors fortement appréciée.

Je me ferai finalement doublée au 150ème km par ce qui m’a dans un premier temps semblé être un avion de chasse. Mon escorte boy qui avait senti le truc arrivé a abusé des DAI, DAI, DAI dans les minutes précédant ma destitution mais impossible pour moi d’aller plus vite compte tenu du marathon qui m’attendait. Avant de partir avec la nouvelle tête de course il a pris soin de revenir à ma hauteur pour me lancer un amical Ciao. Trop sympa : Arrivederci amico e grazie mille !!!

Voilà c’est donc quasiment seule que j’effectue les 30 derniers kilomètres de ce parcours vélo. Tout se sera bien passé, inquiète pendant toute cette partie par les bruits suspects de mon pédalier, il aura tenu le coup.

Je me change le plus rapidement possible et m’élance sur la partie marathon les jambes lourdes. Bien que la course à pied soit en général une de mes disciplines préférées, j’ai quelques inquiétudes quant à son bon déroulement principalement pour ce qui concerne l’alimentation car je n’arrive plus rien à avaler de solide depuis un moment et les gels m’ont toujours rendue malade lors des entraînements. Je prends quand même avec moi quelques gels en espérant qu’ils passeront bien. Les premiers kilomètres se passent plutôt bien, je prends du coca à chaque ravito et tente un gel par petite quantité à partir du 15ème kilomètre. Comme prévu mon état physique se dégrade rapidement à partir de ce moment là, j’ai mal au ventre et je regrette d’avoir pris ce gel. J’arrive tant bien que mal à gérer cette douleur, avance par moment à une vitesse d’escargot, dois faire des pauses régulières et vois clairement passer le mur des 30km ce qui ne m’étais pas du tout arrivé à Nice. Le 5ème aller retour est sans conteste le plus dur et je suis un peu frustrée et déçue tout de même de ne pas arriver à courir comme je le voudrais. Les supporters plantés sur le parcours qui nous voient passer et repasser usent de la voix : Bravissimo, dai, dai, dai, bella, complimenti…ça fait clairement du bien. Je ne croiserai cependant pas sur ce parcours mes plus fervents admirateurs, je me dis alors que la sieste a encore due durée longtemps, mais ce n’est pas grave je pense à eux et prends soin bien que ce ne soit pas obligatoire de récolter à chaque passage un chouchou que je porte fièrement à mon poignet, destiné post ironman à finir sur des petites têtes pas tout à fait blondes ;-).

Le sixième et dernier tour passe finalement plutôt bien sans doute boostée par la certitude à présent que j’arriverai à finir. Ma jolie petite famille m’attend au niveau de la ligne d’arrivée que je franchie après 12h14’54″ de course (Natation:1h10, T1:7’21″, vélo:6h51, T2:2’56″, CAP:4h02’51″). Ravie, vraiment étonnée et agréablement surprise par ce chrono, le speaker m’annonce deuxième féminine.

Les personnes présentes au niveau de l’arrivée me regardent avec des sourires d’admiration entourée de mes puces, les « complimenti » fusent de toutes parts. Je suis aux anges, les difficultés de la course à pied sont vite oubliées lorsque je repense à la journée de folie que je viens de vivre, la simplicité et la gentillesse de cette organisation sans faille, les encouragements des bénévoles,  spectateurs et de mon Joe bar team.

Le lendemain nous faisons donc un détour par le podium avant d’entamer notre première matinée plage. Étant donné notre nombre limité, toutes les filles ayant terminé la course sont récompensées sur le podium. Je suis gratifiée d’un sac cadeau comprenant de jolis lots, d’une belle somme d’argent me permettant de rembourser une grande partie de mon inscription et d’une énorme coupe qui trouve tout de suite son utilité auprès de mes filles s’empressant d’y déposer leurs pelles et râteaux de plage sous les sourires amusés de l’assistance.

S’en est suivi une belle semaine de vacances, entre plages, baignade, piscine, restos, randos et belles sorties VTT pour Vincent. Lorsque nous reprenons le bateau une semaine plus tard nous avons tous envie de revenir. Je comprends à présent le nombre conséquents de multirécidivistes du briefing et souhaite vivement pouvoir en faire partie. Je sais donc que si un jour je refais un ironman ce sera celui-ci en espérant de tout cœur que cette organisation familiale sans faille remplie de passion et de générosité arrive à résister aux grosses courses labellisées.

Un grand merci à vous tous pour vos messages d’encouragements et félicitations, à Seb pour la qualité de ses entraînements et ses précieux conseils en natation : en élève appliquée j’ai levé le coude tout l’été ;-), à Hervé à qui je dois le programme d’entraînement suivi en termes de kilométrage vélo et heures CAP et bien évidemment à Vincent qui gère comme un chef nos deux petits boucans et sans qui tout cela ne serait pas possible.

Arrivederci