70.3 Aix …. les bains !le CR de Stephane

Certains l’ont réclamé alors que j’étais encore en trifonction…voilà le long résumé du 70.3 d’Aix qui s’est couru dimanche dernier 13 mai, dernier jour des Saints de Glaces 2018…comme quoi tout était prévu d’avance dans le calendrier.

70.3…non pas comme la distance (en miles) à parcourir mais bien comme le nombre de millimètres d’eau que le ciel a déversé sur la tête des sportifs qui se sont alignés au départ d’une des plus belles épreuves de la région.

Pourtant, tout avait bien commencé le samedi au dépôt des vélos à Peyrolles. Grand soleil et température de 25°C, une organisation IronMan toujours au top avec une armée de bénévoles souriants et disponibles !

Les prévisions météo sont néanmoins pessimistes et je prends le temps de protéger consciencieusement le vélo pour qu’il passe la nuit au sec. Le sac « bike » est déposé, la puce « cheville ouvrière du chronomètrage » récupérée. Direction la maison pour un peu de repos.

La nuit passe…plus ou moins bien. L’expérience aidant, le copieux petit déjeuner est ingéré sans mal et je retrouve Nicolas, qui a pris le bus officiel, à l’ouverture du parc à vélo.

Ultimes vérifications, pression des pneus OK, bidons OK, gels scotchés OK, batterie (du dérailleur !!) OK, braquet de départ OK. Direction le plan d’eau où, une nouvelle fois, IronMan a bien fait les choses avec un alignement au cordeau des bouées. Facile de rester concentrer sur la nage.

Une bruine intermittente subsiste avec un ciel couvert mais les prévisions météorologiques alarmistes de ne réalisent pas : ouf !

Echauffement tranquille dans l’eau douce (ça change de l’étang de Berre) et c’est le fameux départ en Rolling Start : 8 triathlètes toutes les 10 secondes en gros. Je suis positionné dans le SAS « moins de 30 min » sachant que mon record est proche de 31min : je compte sur les entraînements hivernaux de notre coach Sébastien pour avoir progressé !

Top départ, pas de bataille ni de coups, cette idée de rolling start est géniale. Le rythme est raisonnable puis j’accélère progressivement, aux sensations.

T1 déjà !

Sortie de l’eau en 29’, cool !!! Je fonce en foulant le tapis fixé sur le chemin pour l’occasion. 300m séparent la sortie natation du parc à vélo.

Coup d’œil au ciel : c’est couvert mais pas menaçant, il ne fait pas froid. Je gobe une barre de céréales en réfléchissant et décide de laisser ma veste et les gants dans le sac : je reste en trifonction, pieds nus dans les chaussures.

Le début du vélo est grisant, couché sur le prolongateur les km défilent jusqu’à Ginasservis, les deux petites bosses avalées sans grand effort. Vive mon BMC de chrono tout neuf !

S’ensuit la longue portion droite peu attrayante jusqu’à Rians où il faut pédaler au mental. C’est à Rians que la route s’élève pour de bon…et que les premières gouttes de pluie s’écrasent lourdement sur la visière du casque.

Plic, ploc, plic, ploc, plic ploc…de plus en plus rapidement alors que la vitesse du vélo décroit, elle, avec la pente.

Au ravitaillement, les super-bénévoles sont tous bâchés et se protègent comme ils peuvent des méfaits du ciel, proche de nous tomber sur la tête, par Toutatis.

Un gel Enervit (le sponsor aux bidons jaunes n’étant plus partenaire) et c’est la descente détrempée vers Pourrières. Prudence maximale dans l’enchaînement continu de virages, sous la pluie qui redouble d’intensité. Ouf, Pourrières arrive, pas de chute ni même de glissade.

Je distribue généreusement les Watts vers Puyloubier sans prendre le soin d’éviter les flaques d’eau qui recouvrent la route. Temps record pour rejoindre Puyloubier puis accéder au bas du col de Cengle. La difficulté majeure du parcours s’efface sans aucun souci, la pluie omniprésente refroidissant efficacement le moteur qui fonctionne à plein régime les jambes tournant en cadence tels des (petits) pistons.

La situation se dégrade subitement.

Un premier éclair zèbre le ciel, la pluie maintenant glacée redouble, le vent du Nord souffle, la température chute à 5°C en moins d’un km.

Je frissonne mais me concentre sur la descente technique vers le Tholonet à la recherche constante d’adhérence sur la route glissante. Arrivé en bas, je suis congelé et ne sens plus mes pieds mais j’écrase furieusement les pédales pour gagner le plus vite possible l’aire de transition.

Le dernier ravitaillement passe, j’y prends un bidon que je ne toucherai finalement pas.

La grêle a fait son apparition pour nous souhaiter la bienvenue à Aix, la colère de Zeus éclaire le ciel et la foudre s’abat un peu plus loin…je ne vois plus rien dans la visière embuée, le bruit de la grêle dans le casque est assourdissant, la route est recouverte d’eau, impossible d’anticiper les trous dans la chaussée urbaine ni même de distinguer la forme traître des ralentisseurs. Enlever la visière ne servira pas à grand-chose, autant protéger les yeux…La vitesse du vélo est réduite, en mode de survie.

T2, enfin !

Je suspends le vélo et marche (je ne cours même pas) vers mon sac « run ».

Rapidement, je comprends que je n’arriverai pas à mettre mes chaussettes, secoué de tremblements incontrôlables. Je regarde l’arbitre qui se tient à côté de moi, stoïque sous la pluie, et lui dit que je vais mettre un terme à cette torture, j’ai trop froid. Les yeux de Madame l’arbitre me scrutent un moment…« essayez de mettre vos chaussettes et tentez un tour, vous verrez bien après ». Son sourire me réchauffe, je me ressaisi et enfile, de travers, ces foutues chaussettes puis mes bottes Nike. Je ne sens plus mes pieds et impacte le sol sans amorti et sans déroulé de foulée. Les avenues d’Aix sont des torrents d’eau qu’il faut remonter comme des saumons (ils ne meurent pas les saumons à la fin ?) mais ce n’est rien par rapport au Parc de la Torse où la boue liquide et les racines mouillées constituent des pièges permanents.

Le premier tour s’achève, il pleut un peu moins, la circulation sanguine est rétablie dans mes pieds et le rythme redevient acceptable. Le moral monte d’un cran, ça faisait longtemps !

Dernier tour, j’aperçois Rémi et ses cheveux de cocker mouillé, calcule qu’en allongeant la foulée je devrais le rattraper avant mon arrivée. Tout à mon idée, j’accélère à l’amorce du troisième tour alors que le tonnerre résonne et que la pluie s’intensifie pour devenir très forte. Le Parc de la Torse pour la dernière fois dans la boue, allez, go, go, go !!!

Et c’est à cet instant que le corps, las de ces co…..es, se rebelle et coupe le courant…flash de points lumineux dans les yeux et je me sens sortir de la trajectoire alors qu’un concurrent me rattrape au vol et m’assoit sur la rive du fleuve de boue (merci Pascal, je me souviens de ton prénom).

Les fesses dans la boue, la tension remonte et je repars en trottinant, adieu podium, adieu record de chrono, juste finir, juste franchir cette ligne d’arrivée, juste être au chaud, juste rentrer à la maison.

4km de calvaire, de froid et un bénévole que j’embrasserai presque, me passe le dernier chouchou bleu, sésame d’accès vers l’arche d’arrivée.

La finish line, ça y est !

La traditionnelle médaille autour du coup, qu’elle est belle celle-ci !!!, j’arrête la fidèle Garmin multi-ironman et concentre toute mon attention vers le ravitaillement chaud tant espéré…pour me réveiller dans les bras musclés d’un pompier qui me saucissonne avec expertise dans une couverture de survie. Cette coupure inopinée d’alimentation n’est heureusement que temporaire, le disjoncteur se réenclenche sauf le fusible du chauffage. Je continue à trembler comme une feuille en serrant le gobelet de pâtes froides que je mange sous la pluie (aucune tente à l’arrivée pour se mettre au sec, grosse fausse note !!!!).

J’aperçois Rémi qui accède à la zone d’arrivée. Nous sommes trempés jusqu’aux os, transis de froid, dans la grisaille aixoise et sous une pluie continue implacable. L’ambiance n’est pas à la fête ni à refaire la course 50 fois autour d’un bon ravitaillement en rigolant : les pâtes sont froides, les gaufres au Nutella ressemblent à des éponges et les fruits frais peu attractifs : on veut juste de la chaleur et être enfin au sec !!

Mais un simple regard échangé en dit très long, nous nous rendons compte de ce qui a été accompli aujourd’hui et, quelque soit le chrono, nous sommes fiers d’avoir tenu jusqu’au bout !

Bravo à tous les vitrollais, à tous les athlètes, qui ont passé cette ligne magique, sans oublier ceux qui ont eu la sagesse et l’intelligence de rendre leur dossard avant que les choses n’empirent dans la tourmente de ces conditions épouvantables.

On remet ça l’année prochaine ?

Stéphane

70.3 Aix (les bains) finisher 2018