JUSTE FAIRE LES CHOSES ……… Triathlon de la Madeleine

Nous sommes en janvier 2018, je subis ma convalescence suite à mon opération des 2 pieds, et tombe sur la photo d’un col avec des lacets très sinueux : «  Waouhhh, ça à l’air chouette !! mais c’est où ? tiens c’est en France, les lacets de Montvernier et en plus il y a un triathlon format M qui s’organise par là bas, tiens ! tiens ! »

A préciser avant de commencer, que le fait de ne plus bouger me fait effectuer des achats compulsifs, pas ceux qui concernent les habits, les chaussures ou autres mais plutôt des inscriptions aux courses.

Le triathlon de la Madeleine sera donc le résultat d’une de ces crises provoquées par la vision de cette photo.

D’autres courses ont été victimes du clic fou incontrôlé mais voilà que depuis 8 mois je galère avec ces pieds qui ne veulent pas guérir, jusqu’à être encore opérée mi-juillet avec complication à l’anesthésie autant dire que le triathlon de la Madeleine s’annonçait déjà comme un acte manqué.

Nous voilà début août, début des vacances, le défi du moment est de se refaire la caisse en quinze jours, Olivier est là pour y veiller, je sais que je peux compter sur lui par contre va falloir qu’on revoit ensemble la définition de reprise et progressivité 😉

Dernière semaine avant la Madeleine, je ne sais toujours pas si je prends le départ, j’analyse les raisons et elles sont mauvaises……la peur du résultat, de la mauvaise perf, mauvaise place, finir dernière, ces idées m’empêchent de m’aligner.. A cet instant, je me remémore mes longues journées allongée sans bouger, aux souffrances endurées, à ce manque que j’avais, à cette inactivité qui me rendait dingue,.. tout est dit….il suffit de « Juste faire les choses », le plaisir d’être là, de sentir son corps, sa respiration, se sentir vivant… Capitale de la raclette, nous arrivons !!!!!!

L’organisation du triathlon est bien rodée et sans faille. On laisse les baskets à T2. La météo est très mitigée, le temps est couvert, il fait frais pour ne pas dire froid ! On craint la pluie… croisons les doigts… On enfourche le vélo, combi sur le dos (dans un petit sac généreusement fourni par l’orga 😉 ) et direction T1 à 20km d’ici. On met toutes nos épaisseurs et on se gèle sérieusement dans la descente !!

Nous voilà au départ au lac de Saint Rémy en Maurienne, j’ai le dossard n°10 et Olivier, le 11. C’est rassurant de l’avoir à coté, je regarde tous les gens autour, ils parlent tous d’Embrun, d’autres courses, ils ont l’air affûtés… je me demande ce que je fais là… ah si, juste faire les choses, j’ai de la chance d’être parmi eux.

Le départ s’annonce, Olivier va se placer aux avants postes et moi je me glisse sur le coté afin de ne pas être victime du bouillon,

BIPPPPP, c’est parti,…..mais..mais….aille…lâche ma jambe toi !!!!….mais c’est quoi ce truc on a tous eu la même idée ou quoi ???? me voilà ensevelie, comme si j’avais besoin de quelqu un pour couler!!! j’essaye de m’écarter du groupe….. juste faire les choses….

Après 2 boucles et une petite demi-heure, je me rapproche du bord, je continue à nager alors que je suis dans 50 cm d’eau, il est temps de redevenir bipède car je suis limite ridicule là !!!

Aller je fais comme les pros, je cours sur le tapis en enlevant mon bonnet, mes lunettes, essayant d’attraper la cordelette, mon imitation s’arrêtera là car je galère à enlever ma combi et finirai assisse à batailler avec ma puce coincée dans la combi.

Ouch, j’ai gagné la bagarre Agnès 1 / puce 0, je file en vélo. J’imagine Olivier dans les lacets de Montvernier, les coupables de notre venue ici.

Le vélo se passe comme prévu DUR ! Je me fais doubler dès le début, pas grave… juste faire les choses !!!

Je continue mon ascension en partageant la même galère avec les autres concurrents, nous traversons des champs de vaches, de moutons, de chevaux, un vrai parcours champêtre qui régale les yeux et les cuisses, nous voilà au col du Chaussy avec une route toute neuve , merci le tour de France !!! Déjà mi-parcours et plus de 1000m de D+ avalés.

Ravito, habillage et c’est parti pour la descente vers Notre Dame du Cruet avant d’entamer la 2e bosse du jour qui nous amène à l’arrivée (encore 1100m plus haut !) en passant par Montgellafrey et ses pentes moyennes dépassant 10 %.

Une fois en bas, je me dis qu’Olivier doit être entrain de courir, j’espère que tout va bien pour lui.

Dans cette seconde ascension je rattrape des personnes qui sont dans le dur, il y a des portions bien raides (plus tard , j’apprendrai qu’il y avait un passage à 16 % ! je comprends mieux certaines choses…)

Je double un vendéen avec qui j’engage la conversation, nous finirons ensemble les 6 derniers km, à 2 ça passe plus vite.

Après un peu plus de 3h et demi de vélo, nous voilà enfin à l’arrivée à Saint Francois Longchamps (Ouf !), reste encore 7 km à pied en 3 boucles…

Oh mais qui vois-je sur la ligne à l’entrée du parc Vélo, Olivier tout habillé, propre et sec, cela aurait pu me casser le moral mais ça m’a fait un bien fou, 7 km nous séparait…

Les premières foulées sont difficiles, j’ai l’impression d’avoir une jambe plus courte que l’autre, aller ça va le faire… juste faire les choses..

je vois Olivier partout sur le parcours, soit il n’est pas fatigué et il court vite, soit je vais vraiment lente, soit je ne suis plus lucide et j’hallucine à le voir partout…. Après réflexion, il y avait un peu des 3.

1 er tour OK sauf qu’une envie pressante m’empêche de me concentrer sur ma course, au 2e tour je demande à Oliver si j’ai le droit d’aller dans les toilettes publiques et sortir du parcours sans être disqualifiée, les arbitres n’ont pas l’air commode, j’ai déjà eu un rappel sur mon dossard qui était sur le coté.., ouf la réponse est positive.

Une fois libérée, les 2 autres tours s’enchaîneront…

J’arrive au bout de ces 1300m nat /52 km 2300 D+ / 7 km 180 D+ (un format M un peu hors normes faut avouer !) épuisée et heureuse avec ce sentiment inégalable de se sentir vivante. En plus la pluie nous a épargné, mais le froid est bien présent à l’arrivée (le dimanche sera bien plus chaud et ensoleillé … grrr !) Aye, mon 2e triathlon bouclé après l’Evergreen l’an dernier.

Il y a 3 semaines, on se demandait si je pouvais prendre le départ et voilà que je l’ai prit et que je suis arrivée à la fin avec un plaisir indescriptible de juste faire les choses..

PS/ Bravo Olivier pour ta 24e place, 4e chez les vieux à 1 min du podium, la prochaine fois tu appuieras plus sur les pédales, c’est pas normal que tu es pu courir partout pour m encourager 😉

Agnès L.